Le Tour du Monde des flûtes en musique 

Une sélection discographique 
par Annie Ploquin-Rignol 


Les flûtes à conduit

Tamala cover sticker  
Airs csángÓs de Gyimes par Zoltán Juhász (flûte furulya, extrait plage 13)
Hongrie – Le dernier passage
Ocora - Radio France - SKU 781608 - 1994

« La flûte à bec à six trous (furulya), dont la taille est très variable (trente à soixante centimètres) est faites en bois de sureau ou en roseau : c’est l’instrument pastoral par excellence. Les bergers se transmettent l’art du jeu et de la fabrication (...). Une technique d’accompagnement vocal grommelé en bourdon est souvent utilisée pour projeter le son de l’octave grave (...). Zoltán Juhász enchaîne des mélodies de chansons et de danses qui constitue le répertoire habituel des bergers. » / Lou et Claude Flagel (Extrait du livret)

   
Pinquillos (du nom de l'instrument, extrait plage 4)
Bolivie, Chuquisaca - Sucre
Wayra - Musiques des Indiens yampara et charka
Comunidad Pachamama
Colophon Records - Col.CD109 - 2000

Pour les musiques de cultures yampara, le groupe Comunidad Pachamana utilise des flûtes de Pan et de longues flûtes à bec (pinkullu ou pinkillos), en roseau ou en banbou. Joué sur le rythme de la danse Pujllay, ce morceau traditionnel yampara célèbre la victoire de Jumbate où les peuples autochtones de la région de Tarabuco vainquirent les armées espagnoles. (d'après le livret, Marco Antonio Santillan et Eddy Pennewaert). 

   
Karang Ulung  - Le Rocher magique (flûte suling, extrait plage 12)
Indonésie / Java - Pays Sunda / Vol.2
Musiques savantes - L'art du Gamelan Degung
Ocora - Radio France - C 560097 - 1996

La partie purement mélodique du gamelan degung peut être tenue par divers instruments dont une flûte en bambou à quatre trous, suling, dont le rôle, sur deux octaves, est de broder d’innombrables variations et ornementations. (...) Composée par la maître Uking Sukri, cette pièce reprend des thèmes traditionnels de compositions anonymes qui sont ici intriqués selon une formule née de l’inspiration du compositeur. (d'après le livret, Jacques Brunet).

Musicien Yao Mien utilisant la technique de la respiration circulaire avec une flûte hao dong nu. Laos, village de Jongkha. 
(vidéo extraite de l'article en ligne sur ce site "Les voix du vent" de Marie-Pierre Lissoir ©)


Les flûtes à embouchure libre
 

a. flûtes traversières

  
Daegeum (extrait plage 4)
Corée / L'Art Du Sanjo D'Ajaeng par Kim Young-gil 
Inedit - W260143 - 2012

« Le daegeum fait partie d’un ensemble de trois flûtes en bambou (...) qui datent de l’époque de Shilla (57 av. J.C. – 935) (...) C’est une flûte traversière épaisse et de grande taille, capable d’explorer diverses nuances expressives. Elle est formée d’un tuyau de bambou d’environ 75 cm percé d’une dizaine de trous : l’embouchure (chuigu), l’orifice sur lequel est collé une double membrane en roseau qui sert de mirliton (cheonggong), six trous de jeu (jigong) et un ou plusieurs trous situés à l’extrémité qui servent à affiner la hauteur des notes (chilseonggong). » / Kim Hae-sook, Ahn Sung-woo et Pierre Bois (extrait du livret).

  
Yambunagi Aipanagui 
 (extrait plage 16)

Musiques de Papouasie Nouvelle Guinée 
Collection Musique du Monde - Collection Dominique Buscail
Buda Musique - 92570-2 - 2000 

« Diverses flûtes sacrées existent en Papouasie Nouvelle Guinée. De longueurs différentes, pouvant même atteindre parfois plus de deux mètres, ces flûtes sont associées à des rites essentiels à la survie des "Papous" du Sépik. Conçues comme instruments sacrés, elle accompagnent de leurs étranges sonorités des rites d’initiation mais aussi de sexualité et de fécondité. Elle sont dérobées à la vue des femmes et des non-initiés et conservées dans les "Haus Tambaran" (Maisons des Esprits).» / Murielle Mignon et Manuel Gomes (extrait du livret)


b. 
flûtes polycalames

     
Firuta nana firuta  (extrait plage 17)
Flûtes de Pan du monde

VDE Gallo / Peoples - PEO 794 

« Le nai (prononcer naï) est devenu l’emblème musical de la Roumanie. Il était autrefois l’instrument des bergers mais a rejoint depuis plus de deux siècles le taraf (orchestre folklorique roumain) et pris la place de soliste compte tenu de ses immenses possibilités techniques. Il est adapté au jeu des pièces rapides, sa courbure permettant de suivre le mouvement de rotation de la tête. » « Cette pièce extraite du folklore roumain est une doïna, c’est-à-dire une complainte. Originellement d’expression vocale, la doïna permet d’exprimer tous les sentiments : joie, tristesse, amertume... (...) La nai roumain, instrument expressif aux possibilités équivalentes à celles de la voix ou du violon, permet de traduire ces sentiments. » / Patrick Kersalé (extrait du livret).

  

Rihe mumu (extrait plage 1)
Polyphonies des Îles Salomon (Guadalcanal et Savo) 

Le Chant du Monde / Collection du CNRS - LDX 274 663 - 1990

« Les différentes cultures musicales des Îles Salomon se caractérisent par la grande importance qu’elles attachent à la polyphonie. Dans la musique des flûtes de Pan, le nombre de voix – parfois doublées, triplées ou même quadruplées à l’octave – varie selon la région et le type d’ensemble. Sur l’île de Guadacanal, ces ensemble ont en commun l’utilisation d'instruments de bourdon (sifflets et trompes en bambou) qui produisent un son continu. (...) Le nom de rihe mumu est composé du terme rihe pour flûtes de Pan, et de mumu, nom d’hommes sauvages mythiques à qui - selon la tradition orale – les hommes avaient volé les instruments de musique. L’ensemble est formé de quatre flûtes de Pan et d’un nombre variable de sifflets et de trompes (...) »  (extrait du livret).

  
Ensemble de sifflets luma (extrait plage 7)
Congo RDC - Ituri
OBE - Musiques des Pygmées Efe et des Lese
Colophon Records - Col.CD140 - 2019

« Les Pygmées Efe habitent dans le région de l’Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo. (...) Les ensembles de sifflets luma sont principalement joués par les Efe lors de fêtes collectives qui marquent des événements importants comme la fin de la circoncision. (...) Cet ensemble de sifflets est joué par huit Efe accompagnés d’un groupe de chanteurs et de percussionnistes. Le nom luma provient du bois servant originellement à les fabriquer, mais le plus souvent, ils sont en bambou. Chaque sifflet produit une note et une figure rythmique qui peut varier, produisant une musique en hoquet. L’échelle de l’ensemble est pentatonique. » / Didier Demolin (extrait du livret).

c. flûtes à embouchure et arête de jeu terminale

  
Makam Ferehfeza (extrait plage 1)
Turquie - Le Ney Turc - Kudsi Erguner
Audivis - Musiques traditionnelles d'aujourd'hui -
Collection UNESCO - D8204 - 1990

« Cette flûte en roseau joue un rôle prédomiant dans la vie musicale des mondes arabes, persan et turc, tout en tenant compte de la diversité des styles et des techniques de jeu. Cet instrument à embouchure biseautée, dont il est joué obliquement, est constitué d’un morceau de roseau évidé d’environ 20mn, avec 9 anneaux naturels de longueurs égales. Grâce aux 7 trous percés, l’amplitude peut atteindre 3 octaves. En outre, sa simplicité nous amène à penser que ses origines sont fort lointaines. » / Slimane Nadour (extrait du livret).

  
Pishdâmarâd – Shahnâz Tshahâmezrâb (extrait plage 1)
Iran - Hassan Kassaï : le ney
Playasound - PS 65051 - 1990


« On retrouve le ney (ndlr. « roseau » en persan) chez les Turcs, chez les Turkmènes d’Asie Centrale et chez les Arabes où il existe toujours dans les campagnes et les oasis. Le ney règne encore aujourd’hui dans leurs musiques mystiques ou profanes. Hassan Kassaï utilise la technique irano-turkmène "lèvres-dents". Selon la force du souffle et le registre voulus, fort ou doux, grave ou aigu, medium, il embouche aux lèvres (en oblique) ou bien aux dents. Il tire le maximum de son roseau : précision d'exécution des mélodies qu’il "pense", simples ou complexes, nuances subtiles, (...). » / d’après Fawzi Saïb (extrait du livret).

  
Duo de flûtes sodi (extrait plage 18)
Madagascar: Pays Bara 
Ocora - C560089 - 1996

« Les flûtes sody (une variante des flûtes sodina) sont à arête et embouchure terminale. Elles ressemblent à la flûte arabe ney (ou nay). On distingue la flute mpitariky "celle qui dirige, qui commence en premier" et la mpagnoriky "celle qui suit, qui accompagne".
Duo de flûtes par Tsibolo et Frandesa. Village de Betaimbala. Cet air de divertissement, joué en plein air, souvent pendant la garde des bœufs, est ici interprété par deux flûtes qui ont chacune un rôle précis. En effet, l’une joue la mélodie principale avec des improvisations, tandis que l’autre joue un ostinato dont le caractère mélodico rythmique dynamise la pièce » / Alain Desjacques (extrait du livret). 

d. flûtes à encoche

image5FicheProu 

Antakillkamanta
(flûte quena, extrait plage 11)

Pérou - Cuzco - Chinchero 
Mink'a - Chants de la terre et de la jeunesse
Colophon Records - Col.CD114 - 2002

« Ce chant (huayno) est dédié à l’esprit d’Apu, l'esprit de la montagne, ici Antakilla, une montagne des alentours de Chinchero. L
a musique pour les Quechua était d’abord un moyen de mettre en communication le monde spirituel avec le monde inférieur, en particulier à dates fixes, lors des semailles et des récoltes. A chaque cycle agraire correspondait une instrumentation propre, un répertoire particulier. La christianisation des rites précolombiens avait abouti à une sorte de consensus moral et religieux auquel, contraints et forcés, les Quechua s’étaient pliés. Aujourd’hui, nombreux sont les Quechua qui revendiquent leurs racines (...). La démarche du groupe Takiy huyana illustre cette résistance.» / Eddy Pennewaert (extrait du livret).


  
Zhuangtai qiu si - Songe d'automne devant la coiffueuse 
(xiao
et cithare zheng, extrait plage 5)

Chine - Hommage à Chen Zhong 
Ocora - C560183 - 2004

Le xiao (箫) est une flûte traditionnelle chinoise, généralement en bambou, jouée verticalement. Il est réputé pour son timbre doux, clair et mélodieux, avec une tonalité grave souvent utilisée dans la musique classique chinoise, notamment en solo ou en ensemble. Selon l’ethnomusicologue Laurence Picken, spécialiste des musiques asiatiques, le xiao est « une flûte longue en bambou, jouée verticalement, produisant un timbre doux et un son fluide, typique des mélodies chinoises traditionnelles » (in "Folk Music of the Chinese". Faber and Faber, London 1961).


Les flûtes « globulaires »

  
Bektash
(extrait plage 10)
Musique du Kirghizistan
Inedit - Maison des Cultures du Monde

Collection Terrains - W260122 - 2005

« Ce küü national traditionnel esrime les pleurs des épouses du noble Bektash, dont la légende remonte au XVIe ou au XVIIe siècle. La mélodie fait alterner les pleurs et lamentations des deux femmes, et l’on ressent l’amertume de la perte dans les sons nostalgiques du chopo choor. Le küü commence par l’évocation des temps anciens. Puis intrevient la lamentation (koshok) proprement dite. (...) Le chopo choor, un ocarina d’argile, était traditionnellement répandu au sud du pays, dans les régions où se développait une culture sédentaire et agricole qui fabriquait des objets en terre cuite. »  / Razia Sïrdïbaeva, adaptation de Jean During (extrait du livret).


... et toutes les autres flûtes, classiques ou insolites ....

  
Šumadinka (flûte dvojke, extrait plage 29) par Jovan Petrović
Serbie - Anthologie de la musique populaire serbe
AIMP LX - Archive Iternationales de Musique Populaire 
VDE CD-993 - 2006

« Parmi les instruments de facture domestique, les plus répandus sont les flûtes : svirala (duduk, frula) et dvojnice (flûte double). (...) La dvojnice existe sous deux formes : à trois trous de jeu sur un tuyau et à quatre sur l’autre (Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie occidentale et Sumadija), ou à six trous de jeu sur un tuyau et aucun sur l’autre (Serbie orientale). (...) » L'extrait choisi - Šumadinka - est un « jeu instrumental servant d’accompagnement à la danse populaire (kolo), bâti sur plusieurs sections liées entre elles par la mélodie, avec une structure caractéristique à deux vois sous-tendue par un bourdon rythmique. » / Dr Dimitrije O. Golemović – Katarina Knezević (extrait du livret). 

 


 
Le Tour du Monde ... en 80 flûtes
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Mise en ligne : novembre 2025

  Tous droits réservés © Annie Ploquin-Rignol / Colophon, 2025 - France Musique / Illustrations :
  Remerciements : Marie-Pierre Lissoir, Didier Demolin, France Musique, les éditeurs AIMP, Audivis, Buda musique,
  Chant du Monde, Inedit, Ocora, Playasound, VDE Gallo.    


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Création du conte musical "Siyotanka". 
Conservatoire d'Avignon 2020. 

"Siyotanka, le bâton qui chante" est un projet qui a pour objectif de faire découvrir le monde infini des flûtes et leur diversité, à l'image des peuples qui les fabriquent et les jouent. Ce conte passeur de rêve, de tolérance et de paix est finaliste des Prix de l'Enseignement Musical 2025 dans la catégorie Spectacle mettant en scène de jeunes interprètes

© Fabrice Lepeltier / Annie Ploquin-Rignol

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